3 questions à Thierry Déau, CEO de la société Meridiam

Membre fondateur de FAST-Infra Group (FIG), Meridiam est spécialisée depuis 2005 dans les infrastructures de demain. Aujourd’hui forte de 11 bureaux répartis sur trois continents et de plus de 380 salariés, la société agit aussi bien dans les pays développés que dans les pays émergents d’Europe, d’Afrique et des Amériques. Rencontre avec son dirigeant, Thierry Déau, Président de FIG.

 

Les équipes de Meridiam conçoivent, financent et gèrent des infrastructures durables et résilientes sur le long terme, soutiennent et accélèrent le développement de PME innovantes impliquées dans la transition écologique, contribuant ainsi à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations unies. Son champ d’intervention s’articule en trois axes : les services publics essentiels, la mobilité durable et les solutions innovantes bas-carbone, contribuant ainsi à améliorer la qualité de vie des populations. 

1/ Qu’est-ce qui a motivé Meridiam à être moteur dans la création de FAST-Infra Group ?

Cela fait bientôt 20 ans que chez Meridiam, on essaie de faire avancer les choses en matière de financement des infrastructures durables, en particulier dans les pays émergents.

Autant dire que je n’ai pas hésité une seule seconde à soutenir cette initiative et à m’impliquer personnellement dans l’association. Notre démarche s’inscrit dans un cadre plus large de contributions à l’écosystème « infra », avec par exemple l’AIFP (Africa Infrastructure Fellowship Program), une initiative lancée en 2018 pour aider les gouvernements africains à développer des projets d’infrastructure durables et résilients par une formation à destination des fonctionnaires.

Toutes ces initiatives visent à permettre la construction d’infrastructures essentielles, à l’image du BRT, à Dakar, une flotte de bus entièrement électriques grâce à un financement mixte. Nous appelons de nos vœux une multiplication des projets durables, grâce à une initiative comme FAST-Infra, qui permet l’affaiblissement du risque au travers d’actions comme la labellisation.

2/ Après la COP28, comment définiriez-vous les principaux enjeux de la transition écologique dans le domaine des infrastructures ?

La COP 28 est venue confirmer plusieurs de nos intuitions, qui guident notre action depuis plus de quinze ans. L’importance du travail de préparation des financements écologiques et la nécessité de ne pas oublier l’adaptation des infrastructures ont en effet été au centre des débats.

Or, si de nombreux acteurs avaient saisi l’opportunité et l’urgence de la transition vers le bas-carbone, la question de l’adaptation des villes aux nouveaux risques du changement climatique avait jusqu’ici été pratiquement oubliée. Je peux affirmer que nous sommes de véritables pionniers sur cette thématique, notamment grâce à TURF [The Urban Resilience Fund], un fonds lancé en 2021 avec la Fondation Rockefeller et le fonds des Nations Unies UN Capital Development Fund. Dans le cadre de cette initiative, nous parvenons à financer des projets complexes d’adaptation, à l’image de notre projet pour la valorisation et la protection du littoral de Nouakchott, en Mauritanie.

De manière plus générale, nous travaillons sur l’ensemble de nos infrastructures pour nous assurer qu’elles sont non seulement vertueuses pour notre planète et pour les populations, mais également résilientes face au changement climatique. Un bon exemple de cet état d’esprit, c’est le tunnel du Port de Miami, en Floride, qui subit chaque année des inondations que nous avions anticipées. A l’échelle du secteur, le principal reste encore à construire.

L’autre sujet de la COP 28, l’importance du financement, est également venu confirmer notre stratégie mise en place depuis 2005, à une époque où nous étions considérés comme des utopistes. Résultat : plus de 120 projets financés au service du bien commun, sur trois continents.

Enfin, je pense que nous, les acteurs du secteur des infrastructures, avons à anticiper une question qui nous sera dorénavant posée avant chaque projet : cette nouvelle infrastructure de l’énergie, des transports, de la santé ou de l’éducation est-elle vraiment essentielle ? Et si la réponse est négative, je vois mal comment nous pourrions l’assumer et mener nos chantiers à leur terme.

 3/ En 2024, sur quels projets ou quels nouveaux axes souhaiteriez-vous que FAST-Infra Group puisse développer son action ?

Je ne suis pas certain que 2024 ait vocation à être une année de rupture pour FIG, mais plutôt une année de continuité et de renforcement, en conservant la dynamique qui a été la sienne depuis sa création. L’inclusivité doit être le maître mot, tant en matière d’Etats membres que d’acteurs concernés, afin de réaliser pleinement sa mission essentielle pour le secteur des infrastructures durables. L’essentiel, c’est que nous parvenions à rester cohérent avec notre ADN, qui est de faciliter le financement et la construction d’infrastructures durables, abordables et inclusives.

 

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